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 Table 1 

"Organisations internationales et
reconfigurations du multilatéralisme"

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Le XXe siècle voit naître un grand nombre d’institutions visant à promouvoir le multilatéralisme. À la Société des Nations née au lendemain de la Grande Guerre succède l’ONU dans la seconde moitié du siècle tandis que, à l’échelle américaine, le panaméricanisme tente aussi de prendre forme dans différentes arènes. La possibilité de gérer les relations internationales à l’échelle mondiale par des organisations réunissant un ensemble de pays est de plus en plus envisagée par les États qui fondent ces institutions. Quels projets de nouvel ordre mondial sont portés par ces institutions ? Souhaitant briser la domination de grandes puissances sur les décisions planétaires, ces institutions parviennent-elles réellement à inclure des pays dits périphériques et des petits pays ou sont-elles seulement des espaces de réunion et de prise de décision favorables aux intérêts des principales puissances mondiales ? Il s’agira donc, d’une part, de questionner l’efficacité de ces initiatives sur le rééquilibrage des rapports de force entre États au XXe siècle ; d’autre part, d’analyser le rôle que peuvent y jouer les États latino-américains et de mesurer leur degré d’agentivité, notamment face au voisin étasunien.

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Modération
Élodie Lenoël [USN, CREDA]

Discussion
Jean-Michel Guieu [Université Paris 1 Panthéon, SIRICE]

Intervenant·es

Chloé Maurel [SIRICE, INALCO]
L'essor croissant des pays du Sud au sein de l'ONU, de ses agences, et des autres OI

Depuis 1960-62 et l'adhésion d'une vingtaine de pays africains nouvellement indépendants à l'ONU et à ses agences spécialisées, les pays du Sud, qui se regroupent au sein du G77 et de la CNUCED, ont cherché activement à se coordonner entre eux et à se faire davantage entendre, à exercer plus d'influence, dans ces organisations longtemps occidentalo-centrées. Comment s'est opéré cet essor et à quelle configuration a-t-il abouti aujourd'hui, au sein de l'ONU et de ses agences, mais aussi des autres organisations internationales, et avec quelles conséquences, quel impact, quels résultats, sur les relations internationales ?

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Juan Pablo Scarfi [CONICET, Universidad de San Andrés]
"L'invention" latinoaméricaine du multilatéralisme : l'héritage du panaméricanisme et de l'institutionalisation du Système interaméricain dans les années 1930 et 1940

Bien que le système interaméricain, initialement associé au panaméricanisme, ait tendance à être considéré comme la face amicale de l’hégémonie étasunienne en Amérique latine, les pays latino-américains ont joué un rôle décisif dans la construction du multilatéralisme interaméricain des années 1930 et aussi mondial des années 1940. Comme ce travail le montre, dans un long processus qui a conduit à la Conférence panaméricaine de Montevideo (1933), les États latino-américains ont reconfiguré le système interaméricain, structuré autour de l’hégémonie étasunienne et du panaméricanisme, et ont « inventé » le multilatéralisme interaméricain et global de l’ordre international d’après 1945, consolidant le principe de non-intervention et la norme selon laquelle les grandes puissances, comme les États-Unis, avaient le devoir et le droit de respecter la souveraineté et l'intégrité territoriale des États faibles.

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Thomas Fischer [Katholische Universität Eichstätt]
Les délégués latinoaméricains dans la Société des Nations

La figure du délégué dans l'histoire de la politique internationale n'a pas encore été étudiée jusqu'ici. Les délégués sont définis comme des représentants des Etats dans mon travail sur les représentants de l'Amérique latine dans les Assemblées de la Société des Nations. Ils ont été choisis par les gouvernements des pays qu'ils représentaient pour défendre à Genève des intérêts nationaux définis par les élites au pouvoir. Les délégués latino-américains étaient majoritairement "blancs", de sexe masculin, expérimentés en matière de diplomatie et âgés de plus de 50 ans. Dans leurs pratiques corporelles, ils ressemblaient aux diplomates européens. Mon étude montre que l'on peut les classer dans les "types" suivants : 1) "diplomates" ; 2) "écrivains et humanistes" ; 3) "politiciens" ; 4) "hommes d'affaires". Ces diplomates voulaient utiliser la Société des Nations comme une arène et une plate-forme pour défendre leurs intérêts dans la compétition mondiale entre les nations, dominée par les empires. Le critère formel de l'égalité des Etats ("one state, one vote") les y aidait. Les délégués latino-américains ont parfois connu un certain succès grâce à leurs compétences en langues étrangères et à leur connaissance du droit international, des usages diplomatiques et du style de négociation. Ils ont participé à l'établissement de l'ordre du jour des conférences, de l'Assemblée et des commissions et, grâce à leurs arguments, ont influencé les négociations sur les différents thèmes et la prise de décision. Ils se sont mis en scène et ont su se faire remarquer par les autres délégués, les journalistes professionnels et le public en général.

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Bibliographies sélectives

Compagnon, Olivier, América Latina y la Gran Guerra: El adiós a Europa (Argentina y Brasil, 1914-1939), Buenos Aires, Crítica, 2014.

Dumont, Juliette, Diplomaties culturelles et fabrique des identités. Argentine, Brésil, Chili (1919-1946), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2018.

Long, Tom, “Latin America and the liberal international order: an agenda for research”, International Affairs 94, No 6 (2018), 1371–1390.

Long, Tom  ; Schulz, Carsten-Andreas, “Republican internationalism: the nineteenth-century roots of Latin American contributions to international order”, Cambridge Review of International Affairs 35, no. 5 (2022), 639-661.

Rodríguez, J. Luis ; Christy, Thornton, “The Liberal International Order and the Global South: A View from Latin America,” Cambridge Review of International Affairs 35, no. 5 (2022): 626-638.

Scarfi, Juan Pablo, The Hidden History of International Law in the Americas: Empire and Legal Networks, Oxford, Oxford University Press, 2017.

Scarfi, Juan Pablo, El imperio de la ley: James Brown Scott y la construcción de un orden jurídico interamericano, México, Fondo de Cultura Económica, 2014.

Scarfi, Juan Pablo ; Sheinin, David  (dir.), The New Pan-Americanism and the Structuring of Inter-American Relations, Routledge, 2022.

Scarfi, Juan Pablo ; Tillman, Andrew  (dir.), Cooperation and Hegemony in US-Latin American Relations: Revisiting the Western Hemisphere Idea, Palgrave Macmillan, 2016.

Scarfi, Juan Pablo, “The Latin American politics of international law: Latin American countries’ engagements with international law and their contradictory impact on the liberal international order”, Cambridge Review of International Affairs 35, no. 5 (2022): 662-679.

Thornton, Christy, “Establishing the limits of the liberal international order: Latin America and the demand for development,” Cambridge Review of International Affairs 35, no. 5 (2022): 680-697.

 

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